Thursday, January 04, 2007

La Violence Dans Les Banlieues

La Violence Dans Les Banlieues

La vague d'émeutes en octobre et novembre 2005 était déclenchée par la mort de deux jeunes gens à Clichy-sous-Bois, une banlieue de Paris, électrocutés en fuyant la police, selon leurs amis, un groupe de jeunes Clichois qui revenaient d'une partie de foot dans la ville voisine de Livry-Gargan. Un troisième était grièvement blessé. Ces trois s'étaient cachés dans la centrale électrique de Clichy-sous-Bois à proximité d'un transformateur. La poursuite des jeunes par les policiers était dénie le lendemain par Nicolas Sarkozy, le ministre d'État, mais les jeunes insistent: la police leur courait après.

Pourquoi la police voulait les interroger? Nicolas Sarkozy a parlé de "cambriolage", mais le procureur de la République de Bobigny a parlé d'un "contrôle d'identité". Les contradictions ont attisé la colère. L'avocat des familles a demandé, "Pourquoi des jeunes qui n'ont rien à se reprocher se sont sentis suffisamment menacés pour pénétrer sur un site dangereux?" Les jeunes qui avaient été interrogé au commissariat, ont été relâché sans inculpation.

Le drame avait déclenché des violences urbaines dans toute la France qui ont duré trois semaines et se sont soldées par plusieurs morts, 130 policiers et émeutiers blessés, 300 bâtiments et 10 000 véhicules incendiés. Plus d'un an après les faits, le rapport de l'Inspection générale des services (IGS) ("la police des polices") a établi:

· la police avait bien poursuivi les deux adolescents avant l'accident dans le transformateur
· certains policiers, tout en sachant que ces jeunes s'étaient introduits dans le transformateur, n'ont rien fait pour les protégér
· l'origine des poursuites (il y en avait deux) était une intrusion des jeunes sur un chantier privé (les avocats ont réaffirmé que la tentative de vol n'a jamais existé)

On a craint une célébration d'un "anniversaire" en octobre et novembre 2006. En fait, le nombre d'incidents était limité, mais selon Le Monde, le degré de violence témoignait de la radicalisation de noyaux durs d'adolescents ou de jeunes adultes - agressions voire tentative d'homicides de policiers dans des quartiers sensibles, attaques et incendies de neuf bus en une semaine, par exemple.

En moins de deux ans, c'est en effet le quatrième épisode de violences collectives impliquant les banlieues. En mars dernier, des centaines de jeunes de banlieue ont agressé violemment des lycéens et des étudiants qui défilaient à Paris contre le projet de contrat première embauche (CPE); en octobre et novembre 2005, les trois semaines d'émeutes, pendant lesquelles 10 000 véhicules et des centaines de bâtiments sont incendiés ou dégradés; en mars 2005, des centaines de "casseurs" des quartiers sensibles d' Île-de-France ont agressé violemment des lycéens qui manifestaient contre la loi Fillon sur l'école.

Ces incidents témoignent d'une tendance de fond plus qu'inquiétante: les violences sur les personnes n'ont pas cessé de croître depuis dix ans (+ 80%). Dans les transports en commun, aux abords de certaines cités, les vols avec violence deviennent des violences avec vols, selon un maire de Seine-Saint-Denis.

Qu'est-ce qui sont les motivations pour la violence, surtout contre la police?

1. Une réponse à la forte présence policière dans ces quartiers, notamment des compagnies républicaines de sécurité (CRS) et leurs interventions dans les quartiers pour démanteler les réseaux criminels? Les violences urbaines, sont-elles instrumentalisées par les organisateurs des trafics de stupéfiants et de voitures volées?

Il ne faut pas oublier que les habitants des cités les plus sensibles sont confrontés au quotidien à toutes les formes de délinquance. Les incendies de voitures, par exemple, sont courants. On en a recensé 28 000 depuis janvier 2005 en France. La grande majorité a eu lieu dans ces quartiers défavorisés. Vols, agressions, trafics de drogues, affrontements entre bandes rivales n'ont rien d'exceptionnel. Les délinquants font la loi et il est parfois impossible à la police mais aussi aux pompiers, aux médecins, d'intervenir sans être agressés.

2. Des mineurs, sont-ils utilisés par des majeurs sous le simple argument de leur irresponsabilité pénale, comme a indiqué une enquête en cours après l'incendie, samedi 28 octobre 2006, d'un bus de Marseille et le sort tragique de l'une de ses passagères. "Il faut punir des mineurs de 17 ans ", a réaffirmé M. Sarkozy.

3. Le racisme par la police? Est-ce que c'est vrai que la police provoque les jeunes pour saisir le moindre prétexte pour frapper ou tirer? Est-ce que c'est un désir de revanche pour ceux qui estiment avoir été victimes de violences ou d'insultes de la part des forces de l'ordre? Les jeunes, comme leurs parents, se plaignent de la multiplication des contrôles d'identité ciblés sur les adolescents de banlieue assimilés à des "racailles"?

Selon Claude Evin (PS), la Commission nationale de déontologie de la sécurité a estimé que les conditions de l'interrogatoire de police du mineur ayant survécu à l'électrocution de Clichy-sous-Bois, en octobre 2005, constituaient un manquement à la déontologie.

4. Une révolte face aux inégalités sociales et aux discriminations? La combinaison de chômage, pauvreté, absence d'intégration, échec scolaire et de la criminalité?

Selon M. Sarkozy, "Il faut en finir avec cette culture de l'excuse permanente (…) le chômage, les discriminations, le racisme, l'injustice, ne sauraient excuser de tels actes.

5. Est-ce que vrai que les journaux télévisés contribuent au phénomène d'émulation et competition? Celle-ci était apparue de manière spectaculaire en novembre 2005 avec l'extension progressive des violences d'une ville, puis d'un département, à l'autre? D'autres médias, ont-ils pris le relais? Les blogs, par exemple, dont plusieurs centaines s'inscrivent de façon très claire dans une logique de concurrence. Les vidéos, qui circulent sur l'Internet par les sites d'échange (sur YouTube, par exemple) ou qui sont envoyées de mobile en mobile par MMS (messages multimédias). Chaque quartier joue ainsi, en partie, son prestige dans l'univers "ghetto".

6. Selon le ministre des Affaires Étrangères, "Le grand danger que nous avons aujourd'hui dans nos quartiers, c'est de perdre la bataille de l'intégration et de voir s'y substituer une radicalisation des mouvements politiques basés sur la réligion."
Vocabulaire
émeute nf riot, ~s riots, rioting
déclencher to trigger off
fuir to flee (fuyant past participle)
blessé wounded
centrale électrique nf power station or plant
cambriolage nm burglary, house breaking
procureur de la République nm public or state prosecutor
attiser to stir up
inculpation nf charge
se solder par to show, to end in
témoigner de to show, to display
noyau (pl ~x) nm core
voire indeed, nay
sensible sensitive
défiler to march, to parade
casseur nm tough guy, rioting demonstrator
tendance nf trend
CRS nm compagnie républicaine de sécurité (member of the state security police)
réseau (pl ~x) nm network
revanche nf revenge
assimiler à to liken to, to compare to, to put in the category of
racaille nf rabble, riffraff, scum
interrogatoire nm questioning, cross examination
déontologie nf professional code of ethics
… ne sauraient (pas) excuser… could never excuse
relais nm relay (race)
s'inscrire to join
concurrence nf competition

Bouana Traoré 15 mort dans le transformateur
Zyed Benna 17 mort dans le transformateur
Muhittin Altun 18 grièvement blessé dans le transformateur

Nicolas Sarkozy le ministre de l'intérieur (Home Secretary)
Philippe Doust-Blazy le ministre des Affaires étrangères (Foreign Secretary)
Claude Evin (PS) député socialiste et ancien ministre (socialist MP & former minister; PS (parti socialiste)

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